D’abord médecin généraliste, Véronique Baudoux s’est spécialisée en homéopathie, auriculothérapie, iridologie, médecine énergétique et a même découvert le Tantra.
Les thématiques traitées semblent être celles qui nous animent tous dès lors que nous entamons un travail sur nous-mêmes et que nous portons un intérêt particulier à notre sexualité et spiritualité :
Le style d’écriture a l’avantage de traiter – avec beaucoup de clarté – des sujets qui peuvent sembler a priori ésotériques (l’énergie, les chakras, la kundalini,…). Ainsi, l’ouvrage est tout à fait accessible aux lecteurs et lectrices novices dans le domaine du Tantra.
Un bémol : s’agissant d’un ouvrage relativement épais (263 pages au format A4), il aurait été bien qu’une bibliographie apparaisse rassemblant toutes les références littéraires auxquelles renvoie l’auteure. Mais surtout la lecture du livre aurait été grandement facilitée avec l’apparition d’un sommaire ou encore mieux d’une table des matières. C’est pourquoi je propose de vous livrer ci-dessous et d’un bloc, le fil conducteur de la narration :
Les chapitres montent en intensité et en profondeur. La lecture d’abord plaisante devient progressivement passionnante : comment cheminer d’une sexualité dite blessée vers une sexualité épanouie voire extatique ?
Celle-ci permet à l’auteure d’exposer son idée de réconcilier la Sexualité et la Spiritualité. Derrière l’aspect paradoxal d’une unification de ces deux polarités ne se cacherait-il pas un faux paradoxe ? Car en effet, l’une n’exclut pas l’autre, de même que la matière n’est pas incompatible avec l’esprit, ou encore le corps avec l’âme, les deux pouvant être un.
Afin de sortir d’un état de souffrance, il convient mettre à sa conscience deux données qui altèrent notre capacité à jouer de notre corps : l’empreinte socioculturelle, composante collective, et les blessures issues de notre enfance, composante individuelle.
L’auteure décrit, pas à pas, l’empreinte socioculturelle culpabilisante qui se pose à et en nous à chaque étape de notre vie en tant que petit garçon ou petite fille, jeune homme ou jeune fille, puis homme ou femme. La mode, la pression esthétique plutôt pour les femmes, la performance plutôt pour les hommes, l’éducation répressive et j’en passe.
Baudoux part du célèbre livre de Lise Bourbeau, Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même. Mais elle ajoute deux blessures, ce qui nous en fait sept, qu’elle relie aux sept chakras. Le chakra concerné est bloqué, l’énergie ne circule plus bien, il n’y a pas d’harmonie lorsqu’il y a blessure :
A chaque blessure, l’auteure associe une force positive, une force négative, un mode de défense et le plus passionnant… une pratique sexuelle. Personnellement, j’ai trouvé très intéressant ce rapprochement entre blessure de l’enfance, blocage d’un chakra et conditionnement limitant notre comportement sexuel. Pour ma part, j’ai effectué le chemin inverse : j’ai d’abord repéré le descriptif qui se rapprochait le plus de ma pratique sexuelle, lequel m’a amenée ensuite vers la confirmation de ma blessure dominante.
De nos blessures d’enfance émanent notre lumière et notre ombre, soit ce que nous exposons de nous sous les projecteurs d’un côté et ce que nous ne voulons pas exposer de nous aux autres.
Notre blessure crée une croyance à partir de laquelle naît un moyen de défense, à partir duquel nous adoptons certains comportements. Par l’effet de miroir inversé, nous choisissons inconsciemment l’artisan de notre bonheur, le partenaire avec lequel nous allons réactiver nos blessures. Ainsi, nous allons revivre un scénario, fut-il douloureux par le passé, avec cette fois, l’espoir d’une happy-end… C’est le couple de réparation, celui où chacun projette que l’autre va le guérir de sa blessure et lui permettre d’exprimer enfin ce qu’il cache, son ombre, pour finalement le réunifier dans sa lumière et son ombre. Mais cela n’est qu’une croyance illusoire, la réalité étant plus complexe.
Notre élan vital, pour ne pas dire notre sexualité (vitale), nous aide dans notre cheminement intérieur. L’auteure étudie ici nos fantasmes sexuels en tant que parties de nous-mêmes que nous refoulons, notre ombre. Grâce à un décodage liminaire, Baudoux nous invite à vivre nos fantasmes, ce qui est une prise de position pour le moins originale. Par cette prise de liberté, notre couple peut accéder au couple dit d’évolution. Cette étape peut s’avérer douloureuse car elle suppose d’oser dévoiler nos fantasmes à notre partenaire, que nous aimons et que nous ne souhaitons pas faire souffrir, et qu’à son tour, lui ou elle accueille nos fantasmes…
A noter : l’étude systématique menée sous forme de tableaux rapprochant chaque chakra à une blessure, une forme de sexualité et un type de fantasme est aussi étonnante que passionnante.
L’idée fondamentale est que la réparation de notre blessure doit se faire par nous-même et non via l’autre. C’est ce qui nous permet de ne pas nous diriger vers un partenaire de réparation mais vers une relation d’évolution. Cette épreuve authentique et cruciale est celle du feu, où nous affrontons le réveil de notre ombre. Epreuve qui peut néanmoins nous mener au paradis, si tant est que nous soyons capables de la vivre, en dépassant tout processus d’évitement et en osant vivre nos fantasmes.
« Pour nous aider à reconnaître cette voix de notre âme, pour savoir quelle est réellement la direction qui est la meilleure pour nous, regardons celle qui nous fait le plus peur. C’est souvent cette direction-là qu’il convient d’emprunter. Plus nous sommes terrorisés à l’idée d’aller dans cette direction précise, plus nous pouvons être certains que c’est le bon chemin. » (p. 146) : tout un programme, au-delà des peurs, des doutes et de la raison qui nous habitent…
Chaque énergie, qu’elle soit masculine ou féminine, comporte un versant positif et négatif. Evidemment, nos blessures inspirent le versant négatif des deux énergies. Notre réunification nous amène à retrouver leur versant positif. Cet équilibre, positif, permet à chacun de réaliser son androgynat intérieur, de dépasser toute envie de lutte de pouvoir, d’aspirer à une harmonie de paix et d’amour intérieurs. La voie du milieu se pose entre le donner et le recevoir, l’amour de l’autre et l’amour de soi, la fusion et la défusion, l’union sexuelle et spirituelle.
Nous nous dirigeons vers le stade ultime : celui qui amène au couple initiatique. « La Prêtresse aime ce qu’elle est, elle fait ce qu’elle aime elle Fait ce qu’elle Est. » (p. 206) tandis que le Mage « tâche d’être, jour après jour, le créateur de sa vie » (p. 218). Leur transformation en conscience se met au service de leur relation puisqu’ils ont transcendé leur dualité et ont ouvert leur cœur : celui qui donne reçoit et celui qui reçoit donne. L’ouverture des chakras permet la circulation d’un flux énergétique qui part du sacrum et remonte jusqu’au-dessus de la tête : c’est la fameuse et merveilleuse kundalini.
Nous entrons alors dans la crème des crèmes : abandon, lâcher prise, éveil des sensations, respiration harmonieuse, présence au présent, fluidité énergétique, conscience de la vie et exploration de sa dimension sacrée. L’énergie cœur-sexe et sexe-cœur circule avec fluidité, chacun veillant à lui et à sa relation pour se diriger vers une sexualité extatique, c’est-à-dire extérieure à soi. C’est aussi la complétude et l’apothéose d’un corps en tant que porte vers une âme qui aspire au plaisir de l’élévation. Voici donc le chemin que nous propose de suivre l’auteure. A quoi pourrions-nous aspirer de plus fort ?